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Les VTH, le nouveau nom des OGM
mercredi 5 novembre 2014, par
Les VTH, le nouveau nom des OGM
En 2009, les ministères de l’agriculture et de l’Ecologie ont demandé à l’INRA et au CNRS une Expertise Scientifique Collective (EscoVTH) à propos des Végétaux Tolérants à l’Herbicide(VTH). Pour vérifier si les bénéfices agronomiques et environnementaux attendus sont aux rendez-vous, face à la contestation sociale autour de ces VTH issus de la mutagenèse. L’étude doit faire un état des connaissances avec les acquis, les incertitudes, les lacunes et contreverses, mais sans donner son avis ou ses recommandations : c’est au Politique de tirer les conclusions. Il s’agit d’étudier l’impact de l’usage des VTH sur l’utilisation des herbicides, sur la performances des cultures, sur les organismes non-cibles, sur la dispersion du trait de tolérance, sur la contamination du milieu, sur l’organisation du travail….l’impact sur la santé humaine de l’utilisation des herbicides étant exclu du champ de l’étude !
La restitution de cette expertise collective a été faite en Novembre 2011. Elle est disponible sur le site de l’INRA-expertise, sous différentes formes : papier, vidéo, diapos
http://www.inra.fr/l_institut/expertise/expertises_realisees/expertise_varietes_vegetales_tolerantes_aux_herbicides
On parle de VTH quand il s’agit de l’introduction intentionnelle du caractère TH ; c’est le cas depuis une quinzaine d’années au USA avec les plantes tolérantes au Glyphosate(Round’up) ; en France la diffusion est plus récente avec du mais TH(mutation spontanée) depuis 2000, et du Tournesol Clearfield (mutation spontanée) et Express Sun (Mutagenèse OGM) depuis 2010. Pour le colza muté (OGM) la demande est en cours.
L’étude présente les différents herbicides, leurs modes d’action, les mécanismes de résistances aux herbicides, les principaux modes d’obtention des VTH( à savoir la variabilité spontanée, la mutagenèse et la transgenèse).
La mutagenèse est (comme la transgenèse) un OGM dont la technique et ses produits sont exclus du champ d’application de la Directive Européenne 2001/18.
Les firmes qui développent les VTH sont des firmes du secteur agrochimique qui possèdent une filière semence. Les VTH ont été adoptés massivement à l’échelle mondiale pour certaines cultures (le soja 81% VTH), essentiellement tolérantes au Glyphosate, herbicide total, mais par contre leur diffusion est plus limitée pour les plantes tolérantes à un herbicide sélectif.
Le facteur économique d’adoption de cette technique n’est pas le gain de rendement qui n’est confirmé dans aucuns des VTH, mais le gain de temps de travail car couplé avec les techniques de simplification du travail du sol. La semence coûte plus cher (plus cher que la semence conventionnelle plus sa dose d’herbicide). Le développement de résistance spontanée chez les adventices est rapide ; la diffusion du caractère TH depuis les VTH vers les plantes environnantes se fait par croisement ; En Octobre 2010, plus de 200 espèces de plantes sauvages résistantes à des herbicides ont été détectées à l’échelle mondiale ; certaines populations d’adventices présentent des résistances à plusieurs classes d’herbicides. Les VTH de classe B(herbicides des céréales d’hiver et tournesol TH) sont les plus rapidement et plus massivement affectés.
Les conséquences sont de taille : concurrence accrue des adventices, difficulté de désherbage, remise en cause de la pérennité de l’innovation, augmentation de l’usage de l’herbicide, augmentation de la dose et retour aux programmes de désherbages avec plusieurs herbicides.
Ainsi aux USA, le coton, le mais, le soja conventionnel consomme moins d’herbicides que les mêmes espèces transgéniques….
Quant aux conséquences environnementales, quelques travaux scientifiques montrent la diminution du nombre et de la taille des nodosités sur racine de soja. L’augmentation de fréquences d’application des herbicides entraîne la diminution de la diversité et de l’abondance des espèces de flore dans le sol. La microflore est aussi atteinte : la population de bactéries « bénéfiques » diminue et celle des pathogènes fongiques augmentent…
Quant à la faune, il y a peu d’études, toutefois on note l’écotoxicité de certains herbicides sur les abeilles, d’autres sur les vers de terre, mais globalement l’effet écotoxique direct serait faible !
L’herbicide lié à la technique VTH est surtout le glyphosate(de la firme Monsanto), herbicide le plus utilisé dans le monde depuis 20 ans, il est associé aux OGM Round’UP–Ready(Mais RR, Soja RR, coton RR, colza RR…). En France, 7 000 T. ont été vendu en 2010 ; il n’est pas autorisé en association aux VTH.
On le retrouve dans les eaux de surfaces avec son métabolite l’AMPA, mais peu dans la nappe souterraine du fait de sa stabilité dans le sol(transfert lent ).
Les conclusions du rapport d’expertise collective :
« Lien de dépendance entre une semence et sa molécule herbicide
Expansion très rapide de l’innovation TH.
Gain économique direct non évident pour l’agriculteur
Apparition et expansion de résistance chez les adventices ;
Diffusion du trait TH par croisement(flux de pollen, perte des semences)
Accroissement à terme des quantités d’herbicides utilisés qui pose le problème de compatibilité avec Ecophyto 2018.
Les VTH ne sont qu’un cas particulier d’usage d’herbicides mais sont susceptibles d’amplifier rapidement l’usage de certaines molécules. »
En annexe de ce rapport, on trouve l’exemple du colza canadien confronté à une diffusion des flux de pollen incontrôlée…
Voila…maintenant la balle est dans le champ du Politique !
Ce rapport va –t-il dormir dans le fond d’un tiroir ? Les ministères vont-ils s’en saisir pour encadrer la diffusion des VTH, pour soumettre les VTH issus de la mutagenèse aux mêmes règles que celles issus de la transgenèse ? Pour étendre le moratoire à tous VTH ? …
D’après le diaporama de restitution de l’étude.
André Roulleau, juillet 2012.